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Résumé: Sous l’angle des représentations sociales et de la déconstruction des attitudes textuelles orientalistes, cette contribution vise à montrer que les discours tenus sur la culture arabo-musulmane participent d’un double travestissement fragilisant le sentiment d’appartenance des Belges de confession musulmane, ceux évoluant dans les quartiers relégués plus particulièrement. Administrant une centaine de questionnaires aux élèves fréquentant deux établissements scolaires bruxellois (école d’élite et reléguée), nos résultats démontrent que la représentation sociale de l’entreprise des élèves d’origine maghrébine est marquée par l’avanie à l’instant où sa dimension disciplinaire s’affirme sous l’effet d’un recours défensif de la personnalité à une stéréotypie. Cette suspension du sens moral devant l’omnipotence du patron recoupe celle observée dans les travaux examinant la souffrance au travail. Ici, les travailleurs consentent à leur propre souffrance pour se prémunir de la précarité. Dans le cas de la conversion religieuse radicalisée, une configuration psychologique similaire semble faciliter le travail d’accroche du néophyte. La prévention contre la radicalisation islamiste gagnerait alors à s’appuyer sur un criticisme intramusulman endiguant l’ingestion binaire de dogmes religieux en reliant la culture d’origine à celle du pays d’accueil via une sélection des textes puisés directement dans la tradition musulmane et habilités à bâtir des ponts.